Soyez intéressants ou disparaissez !

interesser.pngUn de mes récents billets "Comment convaincre un développeur qu'un jeu de balle peut l'aider dans son métier ?" a suscité des réactions intéressantes mais deux d'entre elles, datant d'hier, sont particulièrement attrayantes.

Intéressez-moi !

Il y a tout d'abord ce billet de Jean-Baptiste "Les phases du programmeur" (dont je conseille vivement la lecture) qui est sous-titré "comment intéresser un programmeur à la programmation propre".
Ce billet n'est pas vraiment une réaction car Jean-Baptiste a juste rebondi sur un sujet connexe mais ce qui m'a frappé c'est l'approche focalisée sur la nécessité d'intéresser les développeurs à ce que l'on raconte.

L'autre réponse, c'est ce commentaire de "Razorgore" qui peut se résumer par "Vous voulez intéresser les développeurs ? proposez-leur quelque chose qui les intéressera".
Là c'est une réponse plus directe à une question que je n'ai même pas posée !
Quand j'écris "Est-ce que le développeur λ de 2014 peut être intéressé par ce que j'ai envie de lui raconter ?", c'est au mieux une figure de rhétorique pour laquelle toute réponse est inutile car évidente.

Oui, mais non en fait, ça ne marche pas comme ça

Intéresser quiconque n'est pas mon but. Je fais des trucs qui m'attirent personnellement et c'est déjà beaucoup. Si au passage d'autres personnes veulent être de la partie, c'est mieux car c'est plus sympa de partager les choses mais c'est presque une coïncidence (et c'est mon seul gain dans l'histoire car je n'ai rien à vendre)
Ma question n'était pas "Comment intéresser ?" mais "Comment convaincre ?". J'y vois une différence de taille.

Une précision : il n'y a rien de mal à vouloir intéresser les développeurs avec des conférences ou des ateliers centrés sur leurs préoccupations techniques. C'est encore mieux si on en profite pour montrer d'autres choses au passage, mais ce n'est tout simplement pas mon propos.

Si je prend le problème sous l'angle "je vais devoir trouver un moyen pour intéresser mon public de développeurs", je tombe invariablement du côté de la technique et du quotidien des développeurs. Et là j'ai perdu car mon intérêt est de s'en éloigner.
Les raisons, pour faire court, sont qu'un jeu peut être envisagé comme une métaphore d'une situation réelle et en transposant sa façon de fonctionner dans la métaphore on peut découvrir de nouvelles perspectives utiles dans la situation réelle.

Il ne s'agit donc pas d'essayer d'intéresser quelqu'un mais de le convaincre qu'on gagne à sortir de sa zone de confort.
Tant qu'on lui propose du code avec un clavier et un écran, même en y mettant du TDD et du SOLID, on reste dans la zone de confort.

L'air du temps

Tout cela m'amène inévitablement à penser à ce besoin permanent de susciter l'intérêt.
Par exemple, j'ai l'impression qu'il est devenu impossible aujourd'hui à un enseignant de faire son métier sans qu'on lui demande d'intéresser ses élèves ou ses étudiants.

Comment arrive-t-on à faire des choses qui ne nous intéressent pas mais qui pourraient (sans aucune garantie) beaucoup nous apporter ?
Il n'y a pas 50 réponses à cela. Je n'en vois qu'une : on le fait parce qu'on veut changer et s'améliorer.

Donc, en ce qui me concerne, la seule question qui vaille encore la peine d'être posée, c'est, à mon avis, Grégory qui l'a le mieux formulée : "Veux-tu vraiment t'adresser à des personnes qui foncièrement ne sont pas prêtes à changer ?"

Jean-Baptiste

Bonjour Olivier,

C'est vrai que c'est ce que j'essayais de dire dans mon billet, mais pas de manière assez clair : le but est de susciter l'envi de changer, pas d'attirer du monde dans nos conférences en changeant leur nature pour le plaisir de remplir sa salle. Maintenant est-ce que nous voulons nous adresser à des gens qui n'ont pas envi de changer ? Non. Mais je veux m'adresser à des gens qui ne savent pas encore qu'ils ont envi de changer, et ils trainent souvent dans les mêmes conférences.

Grégory

Bonjour,
je suis d'accord avec toi Jean Baptiste, c'est pourquoi j'ai utilisé "foncièrement", je crois que ceux "qui ne savent pas encore qu'ils ont envie de changer" sont dans le fond (inconsciemment) prêts à cela, mais n'ont pas identifié clairement le "comment" et le "quoi".

Un jeu en public avec des inconnus, demande une certaine forme d'engagement et je comprends que ça n'attirent pas certaines personnes car c'est plus facile et nettement plus efficace de sortir de sa zone de confort avec un cadre rassurant dans lequel une personne de confiance amène un déséquilibre.

Si le but est de susciter l'envie de changer, je pense qu'il faut afficher un cadre sécurisant, une sécurité que l'originalité du jeu d'Olivier dessert dans certaines conférences.

Grégory 13 avril 2014 - 15:07
Oaz

Je suis tenté de répondre que s'ils ne savent pas encore qu'ils auront envie de changer, c'est que, pour le moment, ils n'en ont pas envie...

Quant à l'absence de cadre sécurisant, je tombe des nues !
L'enjeu est relativement faible. Les partenaires sont rarement de complets inconnus car la plupart des participants à une activité de ce genre viennent avec 1 ou 2 personnes de leur connaissance.
Si le fait de devoir parler en comité restreint à une personne que l'on ne connaît pas est un élément d'inconfort, alors, oui, il y a un problème... mais d'une toute autre taille...

Oaz 13 avril 2014 - 16:16
gregory

ok, je n'ai vu que celui de l'agile tour, il y avait beaucoup de monde.

gregory 14 avril 2014 - 20:56
gregory

ok, je n'ai vu que celui de l'agile tour, il y avait beaucoup de monde.

gregory 14 avril 2014 - 20:56
Jean-Baptiste Dusseaut

Je dis souvent aux coding dojo, le plus dur c'est de montrer ce qu'on ne sait pas faire. J'ai le sentiment que nous sommes conditionnés a avoir peur de l'échec et donc à nous exposer que quand nous sommes sûr de réussir. Un atelier est donc un cadre qui peut faire peur.

Fil des commentaires de ce billet

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.