"Derrière l'écran de la révolution sociale"

Je découvre aujourd'hui l'existence de ce livre de Nicolas Séné et du blog qui va avec par les actions quasi-simultanées de Thierry et de Libé Toulouse.

Le thème du livre n'a rien de surprenant pour quiconque connait le monde du développement logiciel en France et a cotoyé de près ou de loin les SSII :

Le livre propose de décortiquer le modèle social au sein des Sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) ou “Quand le monde de l’informatique et des SSII sert de laboratoire social et induit une précarisation par le haut.”

Ce qui m'embête un peu plus, en revanche, ce sont les éventuelles conséquences de la prise de conscience induite par ce constat. Le dernier chapitre du livre semble évoquer le syntec, les syndicats et le MUNCI. Ce dernier a une position très conservatrice concernant les remèdes à apporter (protectionnisme économique, mesures fiscales de "relance", ...) et la perspective de voir le secteur du logiciel tomber dans les mêmes travers que d'autres secteurs touchés par la mondialisation concurrence ne me réjouit guère.
A quoi bon s'affranchir du pouvoir d'un certain capitalisme peu enclin à faire des produits de qualité pour se retrouver à la merci d'un pouvoir d'état qui, au gré du vent, décide de favoriser telle ou telle catégorie de personne ?

Les méthodes agiles véhiculent une autre perspective de changement social pour le développement logiciel, une perspective beaucoup plus réjouissante où producteurs et consommateurs de logiciels peuvent trouver une meilleure harmonie. Encore faudrait-il que ces méthodes ne soient pas dévoyées par quelques SSII (toujours elles !) qui prétendent faire de l'agilité mais n'ont en fait trouvé qu'une manière de plus pour vendre leur viande.
Je n'ai pas été surpris de retrouver parmi les billets de Nicolas Séné une SSII pratiquant le niveau zéro des ressources humaines. Cette SSII est la même qui publie des offres d'emploi hilarantes dans le domaine des méthodes agiles.

Le 9 novembre prochain une rencontre avec Nicolas Séné est organisée à la librairie Terra Nova. Je crois que je vais aller y faire un tour !

Paul75

"Ce dernier (le Munci) a une position très conservatrice concernant les remèdes à apporter (protectionnisme économique)..."

Au contraire : le conservatisme est exactement la situation actuelle...
Je suis le Munci depuis un ptit moment et je trouve leurs positions très novatrices et très courageuses en faveur de l'industrie du logiciel (voir : http://munci.org/article1629.html?p...)
Il serait temps que l'Europe s'affranchisse autant que possible du joug américain dans les TIC...

Paul75 1 novembre 2010 - 19:59
Oaz

Bonjour Paul,

Visiblement, la notion de "conservatisme" prête à confusion. Pour moi, dans le cas présent, elle signifie le souhait d'un retour à un ordre ancien où la France n'était que très peu dépendante du reste du monde, tout particulièrement sur le plan économique.
Dans le lien que vous donnez, je lis "grands projets", "champions nationaux", "obligations par quote parts", "tva réduite", "consortium européen", "plan de soutien", ... Bref, un catalogue de mesures protectionnistes qui vise à donner, non pas des logiciels de meilleure qualité aux utilisateurs mais une situation privilégiée aux développeurs de logiciels.

Je ne crois pas en une France, ni même une Europe qui protègerait l'ensemble de ses salariés du reste du monde, surtout si le reste du monde en question fait des logiciels qui auraient la préférence des utilisateurs français et européens. S'affranchir du joug américain ? On fait quoi ? On coupe les liaisons internet avec le reste du monde pour n'utiliser que des logiciels français ? Ce site web tourne sur Apache , un logiciel américain ! Et s'il utilise un moteur de blog français, dotclear, c'est parce que j'estime que celui-ci a de nombreuses qualités qui le placent au dessus de ses concurrents.

Par contre, ce qu'il faudrait mettre en avant, c'est l'intérêt de la proximité entre un développeur de logiciel et ses clients. Thierry Cros fait une analogie extrêmement pertinente avec les AMAP où consommateurs et producteurs agricoles partagent un destin commun qui va bien au delà de la simple relation commerciale. Si on veut des développeurs français mieux considérés, fiers de leur travail, produisant des logiciels de qualité que non seulement les français mais aussi les autres voudront utiliser, il faut commencer par là : changer la manière dont on fait du logiciel.

Les méthodes agiles ne parlent que de ça.

Oaz 1 novembre 2010 - 21:09
Kristof

"Bref, un catalogue de mesures protectionnistes qui vise à donner, non pas des logiciels de meilleure qualité aux utilisateurs mais une situation privilégiée aux développeurs de logiciels."

L'un n'empêche pas l'autre...

"S'affranchir du joug américain ? On fait quoi ? On coupe les liaisons internet avec le reste du monde pour n'utiliser que des logiciels français ?"

Non, mais par contre l'europe peut favoriser le développement de son industrie du logiciel, et cela même si les utilisateurs auront toujours le dernier mot.
Qu'est ce que le logiciel libre sinon une volonté de s'affranchir de ce "joug américain" justement ?
Je suis assez d'accord avec cette vision...

Kristof 12 novembre 2010 - 00:25

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