Artisanat du logiciel au SigmaT 14
13 juin 2010 Olivier Azeau En français 0
Cela faisait quelque mois que j'avais envie de parler d'artisanat du logiciel ou software craftsmanship en version originale. Ce sera chose faite vendredi prochain, le 18 juin lors du 14ème séminaire SigmaT.
Comme d'habitude, l'entrée est gratuite. Il suffit de s'inscrire en ligne.
Outre l'artisanat du logiciel, il y aura aussi Guillaume Saint Etienne qui parlera de TDD et de BDD, un retour d'expérience Scrum chez Sanofi-Aventis et une nouveauté SigmaT : un débat participatif sur les méthodes agiles.
Voici les points que j'essaierai d'aborder lors de ma présentation "Au delà de l'agilité, l'artisanat du logiciel" :
- Les méthodes agiles ont une dizaine d'années. Après des débuts plus ou moins difficiles, elles connaissent aujourd'hui un certain succès.
- Elles ont dépassé l'aspect quasi-sectaire qu'elles pouvaient avoir -à tort- à leurs débuts
- Le revers de la médaille du succès : le terme agile est devenu à la mode comme qualificatif positif pour à peu près n'importe quoi n'ayant que peu de rapport avec le sens initial : modelisation agile, management agile, etc.
- Extreme programming était un peu trop extrême pour franchir la porte de nombreuses entreprises. L'image un peu plus lisse de Scrum lui a permis cette évolution. Un de principaux soutiens à cette popularisation est la panoplie de certifications délivrées par la Scrum Alliance
- Ces certifications donnent l'image d'une certaine respectabilité mais ne sont en fait que du vent.
- L'artisanat du logiciel est un concept qui prend son essort depuis un ou deux ans. Il offre un complément intéressant aux méthodes agiles telles qu'elles sont véhiculées aujourd'hui
- Le terme artisanat du logiciel apparait il y a 10 ans avec 2 livres (Hunt & Thomas, McBreen) qui ont posé quelques principes de base : centrage sur les personnes et leur savoir faire, apprentissage aux contact des autres, maitrise des outils.
- Après une période d'absence, il fait un retour sur le devant de la scène depuis 2 ans : quelques livres, des conférences, des groupes de discussion et un manifeste qui vient intelligemment étendre le manifeste agile.
- Une différence notable avec la vision initiale est la coupure moins nette entre artisanat logiciel et ingénierie logicielle. Les 2 approches se complémentent et sont nécessaires.
- Le manifeste pour l'artisanat du logiciel annonce la couleur : mettre la barre plus haut. Une de ses principales différences avec le manifeste agile est d'avoir une vision plus étendue et à plus long terme. Contrairement à son prédécesseur, il n'est pas centré sur le fait de mener à bien un projet de développement logiciel. Il envisage les développeurs et leur savoir faire dans un dessein plus large.
- Non seulement les individus et leur interactions mais surtout une communauté de professionnels car l'apprentissage et la performance des membres d'une équipe ne peuvent pas être bornés par les limites d'un projet
- Non seulement le logiciel opérationnel mais surtout le logiciel conçu dans les règles de l'art car pour qui est fier de son produit et veut le faire évoluer aussi longtemps que nécessaire la qualité de conception ne se négocie pas.
- Non seulement la collaboration avec le client mais surtout des partenariats productifs car la confiance entre les parties ne peut pas être pleinement atteinte sur le court terme d'un projet unique.
- Non seulement la réactivité face aux changements mais surtout la création permanente de valeur car le soin mis à fournir un produit qui répond aux besoins est plus important que de terminer toutes les user stories d'une itération
- A l'heure où, dans divers domaines, on parle de développement durable, comment ne pas se soucier de développement logiciel durable ? La création, sur le long terme de logiciels utiles et de professionnels capables de les faire vivre devrait être une plus grande préoccupation que de réussir quelques itérations d'un projet répondant à un besoin ponctuel délivré par un groupe de personnes réunies pour l'occasion. L'artisanat du logiciel peut certainement aider les praticiens des méthodes agiles à évoluer dans la bonne direction.
A la relecture, ça fait peut être un peu trop pour le format 45 minutes questions incluses.
Quoi qu'il en soit, je m'attends à passer pour un illuminé qui n'évolue pas dans le monde réel, voire à provoquer quelques vives réactions de la part de personnes dont le business quotidien est bien éloigné de mes préoccupations.
On verra...